Peter et Inge Bosveld et leur ‘Magic 905’


Dans le monde colombophile marathon, il y a en gros deux tendances : ceux qui jouent leurs yearlings avec précautions, et les autres qui veulent savoir la couleur de suite. Peter et Inge Bosveld ont plutôt un bon pied dans la seconde catégorie.

La saison 2015 leur avait ainsi montré qu’un de leurs protégés était fait d’un bois spécial, un bois précieux. Leur 905/14 réalisait ainsi une jolie 2ème place sur Cahors face à 4 999 concurrents. La saison 2016 vient de leur confirmer cet état de fait : ils ont élevé un crack. Le bien nommé dorénavant ‘Magic 905’ montrait sa super classe sur le très convoité Saint Vincent, avec une première place nationale secteur 3 face à, s’il vous plait, 3 367 pigeons. Chapeau !

NL 1670905/2014

Comme le reste de la colonie, le bleu barré ‘Magic 905’ est un 100 % Ben Roodbeen. Le hasard a peu de place, et ce super pigeon est issu d’une super lignée : son père est un frère du NL 07/908 qui a 10 prix en grand fond dont 3 top 100 (34 / 10 137 p. Aurillac, 50 / 6 448 p. Bordeaux, 48 / 8 457 p. Orange) ; un autre frère, le NL 12-542, joué pour la première fois en 2015 a fait 3/3 avec notamment un joli 17ème / 5 021 p. Orange et un 167 / 3 239 p. Aurillac.

Vader MAGIC 905 1

 

 

La mère est un produit des piliers de la colonie Roodbeen ; on y retrouve un père très bon voyageur, fils du Blauwe Frans et une mère descendante du Boxbeer.

 

Moeder MAGIC 905 1

 

Lors des courses préparatoires, le 905 avait pour habitude de rentrer en toute queue de peloton, excepté pour la semaine avant Saint Vincent, où il avait pointé son nez en tête chez Peter & Inge, un signe avant-coureur de l’exploit qui allait venir.


Petite précision

Certes, ces deux résultats sont très impressionnant : tout d’abord à un an, 2ème / 4 999 pigeons, puis à deux ans 1er / 3 368 pigeons. Qui ne rêverait pas d’héberger un tel voilier dans ses installations, allez, même avec un seul de ces deux prix, non ?

Ce qui est encore plus édifiant, c’est que le ‘Magic 905’ n’a été enlogé que 2 fois en grand fond ! Et oui, vous lisez bien : 2/2 en grand fond, et 100 % de prix par mille, avec à la clef un 1er et 2ème prix dans plus de 3 500 pigeons à chaque fois ! Qui dit mieux ??


Changement de statut

Du statut de jeune veuf, le ‘Magic 905’ va évoluer plus vite que ses collègues de colombier : il a été rapidement placé au colombier de reproduction, malgré le fait que ses deux parents ne sont encore âgés que de 4 ans. Qui ne l’aurait pas fait, sachant que les rapaces prélèvent chaque année une partie de l’équipe de jeu avant même les concours...


Passionnée

La rencontre entre Peter et Inge s’est faite assez tardivement, mais Peter a posé les choses : il avait des pigeons et pour rester avec lui, il fallait suivre au colombier pour le côtoyer un tant soit peu. Bonne pioche, car Inge s’est finalement révélée encore plus mordue que lui. Ils n’ont ainsi pas d’enfants, mais un chien et…. des pigeons !
 SFG bosveld 1974

Ainsi, c’est elle, qui, en 215, le matin de Cahors alla déloger Peter du lit pour brancher la constatation électronique. Un bip anormal retenti alors ; ne comprenant pas ce son inhabituel lors du branchement, Peter alla vérifier : surprise, le 905 était passé sur la trappe, l’histoire du ‘Magic 905’ était en route.


Colonie

Comme dit plus haut, les origines sont 100 % Ben Roodbeen, avec qui une fidèle amitié est en place.

L’équipe de voyageur est composée de 40 couples, yearlings inclus. 60 jeunes sont bagués par an, issus des 12 couples de reproducteurs.

 

Tout ce joli monde est hébergé dans 14 mètres de colombiers, soit 7 compartiment de 2 mètres. 3 compartiments pour les mâles, 1 pour les femelles, 1 pour les reproducteurs et enfin 2 pour la jeune génération.

Peter a fait ses premières armes dans la vitesse et le demi-fond, mais l’équilibre avec les occupations professionnel a été trouvé en se spécialisant sur les courses marathon. C’est alors vers Ben qu’il s’est tourné ; quand on a un champion comme çà sous le coude, est-il besoin de galoper plus loin ?


Les soins

Ils sont dévolus à 85 % à Inge ; même si c’est Peter, trop pris par ses activités professionnelles pour pouvoir être très présent au colombier, qui donne la conduite à tenir. Pas de surprise ici non plus, les succès sont le résultat d’un dur labeur. La philosophie du maitre des lieux tient en quelques mots : travail acharné, bons pigeons, bons colombiers. Une petite pensée au passage pour dame chance, certes inévitable comme dans tout. Mais la chance, ne frappe pas à toutes les portes, et cette précieuse dame ne vient que sur invitation tenace, il faut bien se le dire.

Ainsi rien n’est laissé au hasard, la propreté est de rigueur, ainsi que la régularité des soins. La propreté des lieux est également un élément d’importance aux yeux de nos champions.

Petite particularité, nos amis fournissent à leurs voiliers, les mardi ou mercredi, selon les possibilités, un bain chaud ; les oiseaux y restent parfois 15 à 20 minutes dedans. Ceci le fait penser à ce que m’avait dit un jour un champion d’Arras (France) que j’ai la chance d’avoir pour ami : les pigeons sont ‘des bêtes à chaleur’ ; à méditer.

Du point de vue médical, confiance absolu est faite en l’homme de science (Dr van der Sluis), qui est consulté une fois dans l’hiver puis toutes les 3 semaines en saison (vers, coccidiose, trichomonose). S’il ne détecte rien, rien n’est donné, des oiseaux en bonne santé n’ont pas besoin de traitement. Bon, ceci étant dit, une entorse est faite en saison concernant la trichomonose : du produit jaune est ainsi donné toutes les 3 semaines dans l’eau de boisson. C’est le seul traitement préventif effectué.

Au retour, les pigeons reçoivent des électrolytes.

magic 905 1


Nourriture

Peter n’est pas spécialiste de la chose, il fait donc confiance aux spécialistes. Comme pour les pigeons, il ne va pas chercher à de multiples endroits : une firme lui suffit. Il a ainsi jeté sur la firme Beyers. Hors saison, les pigeons reçoivent du ‘Beyers Mue Galaxy’, puis du ‘élevage’ pendant qu’ils sont sur des jeunes.

En saison, toute la semaine, c’est du ‘Beyers Sport Light’ qui est au menu, remplacé par du ‘Beyers Longue distance TT’ les 3 derniers jours avant une course marathon. 0 ce dernier mélange vient se rajouter du Tovo, ainsi que quelques cacahuètes. Pour les arachides, comme pour le reste, Peter fait ici attention à ne pas abuser, trop c’est trop, il faut rester dans l’équilibre optimum, équilibre que l’on retrouve plus facilement quand il est préparé par des spécialistes.


Gestion des voiliers

Seuls les mâles sont joués, au veuvage classique. Les femelles ne sont jamais montrées avant les courses.

Les jeunes sont joués de la mi-août au 2ème week-end de septembre jusque 250 km maxi.

Les yearlings sont eux joués chaque semaine en saison de 250 à 400 km pour parfaire leur éducation. Ils seront ensuite alignés sur un seul concours marathon (Bergerac ou Cahors) qui clôturera pour eux la saison.

Tant en jeune qu’en yearling, tout ce qui rentre est conservé.

Les choses sérieuses commencent à partir de 2 ans : les pigeons, après avoir fait tous les concours de vitesse demi-fond en début de saison, seront ensuite alignés 3 fois en longues distances. Il faut saisir sa chance pour rester, et un minimum de 60 % de prix est demandé chaque saison avec un bon niveau dans le classement national, sinon, c’est la porte.

Notez aussi que les courses préparatoires concernent des lâchers à une nuit de paniers. Pour Peter, dans les épreuves à deux nuits de paniers, les pigeons se battent de trop et subissent trop de stress pour une préparation optimale aux compétitions marathon à venir.

Il essaye de faire en sorte, selon les possibilités offertes, que ses voiliers aient près de 2 000 km dans les ailes avant d’attaquer les choses sérieuses ; un bon 1 000 km reste un minimum à ses yeux, même s’il s’en passerait bien, car le rapace est omniprésent et lui détruit chaque année une partie des effectifs. Chaque sortie est un risque couru.

En début de saison, les couples élèvent un jeune, qui à 15 jours passera dans le colombier de jeunes avec les femelles. En fin de saison, ils élèvent un coupe de jeunes.

magic 905 ped 1


Réalisme

Nos amis ne manquent à priori pas de faire dès que possible partager leur passion de façon positive autour d’eux. Nous avions pu les rencontrer lors de la visite, en mars 2016 de membres du Marathon Club du Grand Centre à Ben Roodbeen, où Peter avait servi d’interprète. Nous avions pu apprécier leur bonne humeur et cette envie d’échanger autour de notre passion commune.

Partager ainsi est à n’en pas douter la meilleur façon de conduire de nouveaux adhérents vers notre passion. Il ne faut pas ensuite qu’ils se dégoutent, car parfois, les succès dont on rêve bien vite, se montrent tout aussi vite intouchables ! Peter conseille ainsi de garder les pieds sur terre et de se fixer des objectifs réalistes : d’abord vouloir gagner dans son local avant de rêver à une plus haute échelle, gravir les échelons petit à petit, pour ne pas se dégouter. Dans notre sport, le débutant rivalise avec le chevronné, le très occupé avec celui dont la colombophilie est l’activité principale. La différence est parfois de taille au moment de la lecture des résultats. Il faut alors être réaliste et savoir tout de même apprécier à sa juste valeur la place acquise.


Résultats

Trouvez ci-dessous quelques résultats de Peter et Inge Bosveld lors des deux dernières saisons :

2015

- St Vincent : 4/6, avec 3 top 100 nationaux
- Bergerac : 7/10, avec 1, 5, 11, 21 Régional
- Albi : 4/5 avec 2 top 100 Nationaux
- Cahors : 2ème Nal Secteur 3 (avec ‘Magic 905’)

2016

- St Vincent : 5/8 avec 4 top 100 et 1er Nal secteur 3 (Magic 905)
- Albi : 4/7
- Bergerac : 6/10
- Orange : 3/6 et premier régional avec un frère du ‘Magic 905’. (Concours très dur)

Vous avouerez que l’on peut faire pire. Nos amis ne sont pas les premiers venus en matière de colombophilie. Ils ont fait un choix de vie qui leur convient pleinement, et récoltent années après années les fruits d’un travail assidu. Ils ont ce que chacun de nous rêve de posséder un jour, ‘LE ‘ pigeon, celui au-dessus du lot, le vrai crack, qui, illumine aujourd’hui leur quotidien. C’est bien mérité, soyons heureux pour eux, tout en souhaitant que ‘Magic 905’ soit à la base de nombreux succès dans les années et même décennies à venir ; ce qui ne serait pas une surprise…

Un grand bravo à Peter et Inge pour ces résultats de très haut vol, merci encore pour votre bonne humeur, que vos voiliers illuminent encore de nombreuses années votre bonheur passionné,


David Chassagne, Octobre 2016