Son ‘Cas’ a marqué les esprits l’an passé sur le difficile Pau 2015 (22h20 – 884 km – 976 mpm). Il en est, avec cette prouesse sur Pau 2015 à sa troisième victoire internationale, agrémentée de plusieurs titres d’as pigeons nationaux grand fond Belge, et ce, la quarantaine tout juste passée.

Ce qui nous aurait pris une bonne dizaine de vies à réaliser, Joost De Smeyter l’a fait en la moitié de la sienne. Comme dirait l’autre, « c’est pas du jeu, c’est toujours les mêmes qui gagnent »… et ce n’est pas prêt de s’arrêter, car l’homme est jeune et son œuvre ne fait que commencer à prendre forme.


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Pour vous donner une idée de ce qu’il est possible de réaliser avec des coulons quand vous vivez une vie de Joost De Smeyter, trouvez ci-dessous une très rapide présentation des résultats de notre champion :


1er International Perpignan yearlings de 4534 pigeons avec ‘Joost’ (2003)
1er International Bordeaux de 6223 pigeons avec ‘Grand Cru’ (2006)
1er International Pau de 9,052 pigeons (2015) avec ‘Cas’
1er As pigeon grand fond RFCB avec ‘Elsie’ (2013)
1er Super Marathon d'Europe (2015)
1er Euro Diamond (2015)
2ème As pigeon grand fond RFCB et meilleur pigeon belge sur 3 concours internationaux avec ‘Laval’ (2015)
3ème, 4ème, 5ème As pigeons grand fond RFCB (2016)


Hugo tend l’oreille

Pour arriver à ce niveau, il faut une classe naturelle, un don, aussi sûrement. Notre homme est de la trempe des Gérard Koopman ; on y retrouve ce raisonnement étayé, cette classe supérieure où tout reste naturel, logique. On devine pourtant les années de recherche, d’essais. La classe ne suffit pas, il faut un travail acharné, servit par une détermination sans faille.

En visite chez Ad Fortuin, nous avons parlé du sujet de cet article : le fameux Joost De Smeyter. Ad m’a dit la chose suivante : ‘Tu sais, quand Joost parle, Hugo tend l’oreille’. Sous entendu que d’un personnage comme Joost, même des amateurs aussi aboutis que le mondialement célèbre Hugo Batenburg vont prendre la leçon. D’un personnage comme celui-ci, on ne peut qu’apprendre, que ce soit pour demeurer ou rester un champion international, ou simplement pour progresser, se faire plaisir.


Au commencement est l’homme

De merles blancs, il en faut dans les installations pour allonger un tel palmarès, mais quand vous lui poser la question de l’élément le plus important, notre ‘super man’ colombophile n’hésite pas : le plus important, c’est l’amateur, celui qui est à la barre du navire, qui donne le ton.

Tout le reste va en découler. L’homme à la tête de la colonie va introduire les oiseaux qu’il faut, leur créer un milieu de vie optimal, générer des soins pour les amener à donner leur maximum. Il va enfin et surtout impulser la gagne, ce ‘fighting spirit’ qui fera la différence entre l’amateur et le champion.
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Que faut-il donc à l’homme, cet élément si important de l’équipe colombophile pour réussir ?


L’homme

Pour Joost De Smeyter, il faut commencer par faire avec ses moyens personnels ; les surpasser sera à plus ou moins brève échéance signe de chute, de déconvenue.

Ceci commence par une évaluation de son envie personnelle, du niveau où l’on place l’acquittement d’une certaine satisfaction. Nous ne pratiquons pas ce sport pour faire plaisir aux autres, mais bien pour nous-même. Que les autres trouvent notre cheptel trop ou pas assez conséquent, nos résultats trop ou pas assez bons n’est pas la question, l’important est ce dont nous avons vraiment besoin pour nous faire plaisir. Sans envie de gagner, pas de succès, il faut avoir pour ceci des objectifs, une motivation franche. Pour l’instant, 200 jeunes sont élevés chaque année à Melden, car le travail que ceci représente n’est pas vécu comme une contrainte, reste un plaisir. Le jour où gérer une telle équipe se transforme en contrainte, une réduction d’effectif sera effectuée.
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Un dimensionnement réaliste du temps disponible (famille, travail) qu’il vous est possible de consacrer à vos oiseaux est de même primordial, de façon à ce que votre hobby reste un plaisir, sans se transformer en contrainte éreintante pour vous ou votre famille. Ceci passe par la taille de la colonie, le système de jeu (mâle, femelles, jeunes, etc), toutes choses qu’il faudra ensuite bien mener.
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Les moyens financiers sont à bien dimensionner, il faut faire avec ses moyens. Au début, Joost allait dans les ventes. Difficile pour le jeune homme de se payer la crème. Pourtant, il restait à l’affut des meilleures occasions d’acquérir un frère, une sœur du super de la colonie pour obtenir le sang voulu à un prix en adéquation avec ses moyens de l’époque. Il lui a fallu gravir à son rythme les étapes avec ce qu’il a pu se payer au fur et à mesure. Il touchait les cracks à vendre, tentait d’y déceler ce qui en faisait des pigeons uniques, et recherchait dans les pigeons apparentés mis en vente ces mêmes caractéristiques. Ces ventes furent aussi une très bonne occasion d’éduquer sa main à reconnaitre les oiseaux de classe supérieure.

Pour réussir, il faut aussi tout simplement le vouloir suffisamment. Il faut avoir une idée que l’on suit, des objectifs précis, dans sa construction de lignée, les introductions que l’on mène, les stratégies de management de la colonie. Etre déterminé, avec en prime, une feuille de route bien établie en quelque sorte.


Les pigeons

La plus belle fille du monde ne pourra donner que ce qu’elle a. Ainsi, vous aurez des pigeons du niveau que ceux que vous introduisez.
Pour Joost, un bon pigeon est complet, il a tout. Des fourches bien serrées proches du bréchet, un thorax assez long pour contenir assez de longs muscles, toniques. A noter qu’un pigeon usé par une forte carrière, dont les muscles auront perdu de leur superbe ne sera pas déclassé par notre champion, l’hérédité pourra encore se transmettre. Le dos doit aussi être solide, la plume douce. L’aile est bien sûr regardée mais pas en priorité de même pour les qualités des yeux. Le ‘Cas’ est de ceux-ci, un bloc d’où pas une plume de dépasse, solide sous tous points de vue, rien à jeter, rien à rajouter.

Quand on introduit, il faut savoir ce que l’on recherche : veut-on maintenir ou augmenter les qualités de sa lignée ou en est-on au début : trouver une lignée capable de nous combler nos ambitions ? Si la lignée est déjà en place, un ou deux sujets par an suffiront pour recroiser avec les nôtres et tester ; s’il s’agit de construire, il faut changer de stratégie et se donner les moyens : les oiseaux à la base du tandem De Smeyter-Restiaen sont issus de souches ayant été introduites sur une dizaine d’années à raison d’une dizaine d’oiseaux par année, soit entre 60 et 100 oiseaux par lignées. Notez que les introductions doivent se croiser alors bien avec les vôtres et surtout vous apporter un plus, sinon, c’est de l’argent perdu.

Aujourd’hui, seule la toute crème est introduite, via des sujets d’exception. La préférence va aux as pigeons nationaux, issus de famille de bons, et capables de réaliser sur une même saison plusieurs tops performances. C’est chez ce genre de voiliers que se dénichent les super géniteurs de demain. Les installations de Melden hébergent donc, en plus des vainqueurs et As nés ici, différents As pigeons nationaux et européens de grand fond achetés suite à leurs exploits. Le but est de conserver une culture de pigeons supérieurs, en croisant le top avec le top. Les résultats récents avec les pigeons De Smeyter semblent donner raison à cette ligne de conduite.

Notez que Joost a tiré des supers voiliers au départ de ses deux premiers vainqueurs internationaux. Il croit beaucoup maintenant en ceci : la descendance de vainqueurs ou d’as pigeons par temps dur à un maximum de 1000 mpm. Un as pigeon à un si haut niveau est toujours un oiseau de grande qualité, sur lequel il y a de fortes chances que l’on puisse compter ensuite en reproduction. De tels oiseaux sont capables de récupérer rapidement, pour pouvoir à nouveau se distinguer peu de temps après ; ils ont la classe supérieure, une intelligence certaine, qui leur permet de venir tôt, servie par un métabolisme optimal, qui permet de réitérer leurs exploits.

Cependant, parfois, le palmarès et la famille ne suffisent pas. Il faut que le pigeon lui plaise en main, sinon, si bon le voilier soit-il, notre champion rentre avec son argent dans la poche, ce petit plus qu’on appelle le feeling et qu’il est primordial de suivre. Dès la prise en main, le choix est fait, pas besoin de palper le pigeon cinq minutes.

Concernant les introductions, Joost a quelques critères de référence : pour lui, quand vous introduisez 100 pigeons d’un endroit comme le marché de Lierre, vous devez en sortir 1 de bon. De l’achat de 10 oiseaux chez un bon amateur, vous devez en obtenir 1 de bon. Quand vous introduisez 4 unités de la crème d’une top colonie, vous devez en sortir un super également, sinon, ce n’est pas correct à ses yeux. Attention cependant, avec cette grille d’évaluation : si vous ne réussissez avec rien, c’est au niveau de l’amateur que vous êtes qu’il faut changer quelque chose...


Le milieu de vie : le colombier

Sortit des évidences que les pigeons doivent s’y sentir bien (sec, bien ventilé, etc), la marge de manœuvre est vaste. Il n’y a pas un colombier type de champion. Les installations vont être à adapter au milieu environnant. Il va falloir pour ceci procéder par des essais, comme pour les pigeons introduits, comme pour les soins. Essayer, évaluer, décider.

A Melden, une partie des colombiers en briques (orientés au sud-ouest) sont équipés de plaques translucides sur les toitures avant ; mais qu’une partie seulement. L’essai n’a pas été vraiment concluant, donc le reste des installations n’a pas été équipé. Les plaques translucides mises n’ont pas été retirées uniquement pour ne se donner un travail supplémentaire à re-démonter. Par contre tous les compartiments de jeu des vieux pigeons sont équipés de plaques de chauffage ATX (possible avec hygrostat, thermostat). Ces plaques agissent par rayonnement, et ne vont pas générer, comme les autres plaques chauffantes un air trop sec, irritant, avec de la poussière néfaste aux voies aériennes supérieures des oiseaux. Les plaques ATX sont mises en route jour et nuit 5 semaines avant les épreuves visées. L’hygrostat est réglé alors sur 65% et le thermostat déclenche les plaques à partir de 10° Celsius.
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Hors saison, les plaques ne sont pas branchées, et les fenêtres des installations sont ouvertes tout l’hiver pour entretenir une certaine rusticité.


La nutrition

Voilà ici encore une pièce maîtresse de la réussite dans notre sport. Joost De Smeyter a pour lui son passé de cycliste de haut niveau. Les apports via la nutrition seront intimement liés avec les efforts fournis ou à fournir lors des compétitions.

Pour lui, un athlète doit être ‘sec’, et donc suivre un régime assez strict. Hors période d’effort, les apports nutritifs devront être légers, pauvres en fibres, énergie, protéines. Un excédent protéiné av surcharger le sang, encrasser les organes internes (foie, reins). Un régime trop gras par rapport aux efforts fournis va baisser la qualité de l’entraînement. Par contre, si le niveau d’entraînement augmente, il faudra faire suivre l’apport en énergie, donc en graisse. Tout est histoire de dosage adapté à la période. En cas de gros efforts demandés, il faudra essayer de booster artificiellement les apports. Ainsi, lors de grosses compétitions comme le tour de France cycliste, les coureurs mangent au maximum qu’il leur est possible ; ceci ne suffit pas pour pallier la dépense d’énergie demandée par une telle compétition : ils rajoutent donc artificiellement des éléments nutritifs via des compléments alimentaires.

Notre champion nourrit ses voiliers avec les mélanges ‘Plus IC’ de Versele Laga. Il adapte les mélanges à la période de l’année, et la phase dans laquelle se trouvent ses oiseaux. Les pigeons doivent tout manger de leur ration, sinon, il baisse en quantité. Il va commencer par donner ce qu’ils aiment le moins (dépuratif) pour les tenir assez léger et évaluer leur niveau d’appétit.

Le mélange ‘classique’ en saison est composé de 25% ‘Superstart Plus’, 25% ‘Champion Plus’, 50% ‘Dépuratif Plus’. Il évite le ‘Gerry Plus’ en raison de la présence de maïs ‘popcorn’, il a peur que les pigeons ne s’y habituent trop et rechignent ensuite à consommer du maïs plus gros, mais aussi plus riche en nutriments. Les pigeons sont ici nourris 2 à 3 fois par jour.

3 jours avant une épreuve, il va supprimer le dépuratif de la ration et augmenter celle-ci, alors composée de mélange sport (‘Superstart Plus’, ‘Champion Plus’) additionnée de mélange dessert pour augmenter les apports en graisse. Une petite parenthèse sur les cacahouètes : elles ne sont plus utilisées ici depuis longtemps par peur de présence de moisissures, suite à une expérience malheureuse, malgré des produits garantis de qualité.

On le sait, dans tout sport, la récupération est un élément primordial pour enchaîner une saison. Ceci est d’autant plus vrai en colombophilie, où nous allons demander à nos voiliers des efforts non seulement importants, mais répétés tout au long de la saison. Joost De Smeyter est d’autant plus conscient de cette nécessité qu’il vient du milieu cycliste. Ainsi, au retour, ses protégés auront un mélange fait de 50% ‘Dépuratif Plus’ et 50%’ Start Plus’ (plus dur à digérer). Après un effort, les fibres musculaires auront beaucoup de micro-déchirures (d’où les douleurs musculaires). Ces petites lésions seront guéries par la cortisone naturellement produite par l’organisme et par des acides aminés (issus de la dégradation des protéines) pour consolider ces fibres. Un mélange protéiné au retour pourrait donc être la solution adaptée, mais la dégradation des protéines va alors demander un travail très (trop) important à l’organisme. La solution est donc de fournir directement ces acides aminés via des compléments alimentaires pour faciliter la récupération sans fatiguer inutilement l’organisme.

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Produits complémentaires

Le choix a ici été fait d’utiliser des produits aussi naturels que possible. C’est ainsi que ce sont les produits ‘Belgavet’ qui sont utilisés à Melden.

Toute l’année, il va donner 3 fois par semaine, sur le grain un Mix ‘Standart’, composé de parts égales de : ‘Eureka+Plus BVP’ (acides aminés, vitamines, minéraux et taurine), ‘Vegetural BVP’ (légumes), Garlic BVP (Ail), ‘Tzurex BVP’ (babeurre en poudre). Cette poudre sera aussi donnée la semaine de repos entre deux courses.

En phase de préparation, il va donner à ses voiliers, sur le grain, le mélange sus-cité, auquel sera ajouté une portion égale aux autres composants de : ‘Reedbeet BVP’ (betterave rouge) et de ‘Creetine BVP’ (créatinine). Le grain sera alors humecté avec des huiles (‘Twister Huile BVP).

La semaine du retour, le mix ‘standart’ sera complété cette fois de 2 autres produits, à part égales : ‘Innovator BVP’ (vitamines et acides aminés) et de ‘Biceptorax BVP’ (protéines digestibles). Dans cette phase de jeu, c’est du ‘Jus de sureau en sirop BVP’ et du ‘Gentochol BVP’ qui sont utilisés pour humecter le grain. Une capsule de ‘Total recovery BVP’ est aussi administrée aux voiliers.

A ces mélanges de poudre, il lui arrive fréquemment d’ajouter du ‘vitaminéral’, car, hors période d’élevage, tous les pigeons n’en consomment pas forcément d’eux-même.

Peut-être à la vue de tout ceci vous vous dites que Joost est un peu commercial pour la firme Belgavet ; vous aurez en partie raison, mais, je me dois de vous dire quelque chose : suite à ma visite à Melden, je suis passé faire un tour jusqu’à Strijen (NL) pour saluer l’ami Ad Fortuin. Ad n’a pas d’action chez Belgavet et ne pratique pas la langue de bois quand nous sommes ensemble, je lui voue une confiance totale. Comme vous, peut-être, il a été un peu septique devant cette utilisation de produits 3 fois par semaines. Malgré tout, suivant les conseils de Joost De Smeyter, Hugo Batenburg et lui-même ont essayé ce système. Il m’a confié avoir trouvé une réelle différence dans la condition de ses oiseaux via ce système de complémentation. Chacun est maître en son royaume, le mieux reste de se faire une idée de par sa propre expérimentation, si votre système actuel ne vous convient pas totalement.

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Dans l’eau, il met assez rarement quelque chose. Ils ont parfois droit à du ‘Energy drink BVP’ au retour notamment. Il utilise aussi le produit ‘Wonder pigeon’ avec comme résultat de bonnes fientes et une meilleure digestion. Il se méfie en aparté de l’acidification du tube digestif de nos voiliers dans certaines phases : ceci va plutôt avoir pour effet d’absorber les graisses. Il faut donc éviter toute acidification la semaine de préparation à une course, ainsi que pendant la mue.

Lors de la reprise des volées, en début d’année, pour limiter les blessures tendineuses, il va utiliser, des produits comme ‘Jodaline BVP’ et ‘Minerals BVP’.


Traitement

N’attendez pas de recette toute faite, notre homme n’en utilise pas, enfin, si une, mais pas forcément à votre portée : en saison, le vétérinaire passe tous les dimanches pour analyser et voir si des choses sont à entreprendre. Ce modèle de fonctionnement n’est pas à la portée de tout un chacun. Il n’y a donc aucun traitement à l’aveugle de réalisé ici.

Cependant, il ne faut pas se leurrer, pour gagner, il faut de bons pigeons, mais de bons pigeons en forme. Hors la forme commence par un bon état de santé. Ceci passe donc avant tout par une absence de pathologies.

Si notre champion devait demain ne pas avoir accès à un vétérinaire ou à un laboratoire spécialisé, il ferait des traitements à l’aveugle. Sûrement en début de saison pour assurer le coup et ensuite plutôt les jours juste avant une course qu’au retour, pour leur assurer une absence de contamination dans les paniers par la rémanence des produits apportés. Contre la tricho, il utiliserait sûrement les gouttes jaunes. En fin de saison, si les pigeons avaient l’air bien, aucun traitement en clôture de programme. Il faut bien entendu revenir ici au pilier du fonctionnement optimal de la colonie : l’homme, qui, par son sens aiguisé de l’observation va pouvoir constamment évaluer la condition de ses oiseaux.


Préparation physique, mentale

Les pigeons sont tenus fermés dès la fin des concours. Ils vont ressortir en début d’année pour les mâles (une sortie par semaine tout d’abord) et en mars pour les femelles. Ils pourront ensuite, la saison approchant, effectuer une volée par jour (dans l’après-midi car plus chaud). Ils n’auront pas le droit de traîner dehors ; dès qu’ils arrêtent de voler, ils sont rappelés à l’intérieur. Lors d’une volée, les pigeons doivent travailler, s’entraîner, ‘tirer’ comme l’on dit sinon, quelque chose ne va pas. Quand ils auront un peu de rythme, ils seront entraînés progressivement. Ils participeront ensuite à de petites étapes préparatoires (+/- 200 km) chaque semaine selon les conditions météorologiques. Par exemple, pour les femelles destinées à Barcelone et Perpignan, chaque semaine, elles auront droit à un entraînement personnel à 25-50 km et seront lancées sur 2 étapes à 400 km (1 à 2 nuits de paniers) avant Barcelone.

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Quand la température est plus chaude, vers la mi-mai, les volées sont effectuées aussi les matins, soit deux volées par jours d’une heure environ. Si le temps est vraiment mauvais, ils ne sortent pas. Il faut alors être présent pour pouvoir profiter d’une éventuelle éclaircie dans la journée pour pouvoir les sortir.

En début de saison, souvent, ils sont remis en ménage pendant 2-3 jours, sans avoir le temps de repondre. Globalement, s’ils ont élevé en fin de saison, ils ne le feront pas en début ; une fois par an suffit.

Les femelles ne sont pas présentées avant le départ, mais données au retour (y compris lors des entraînements). Joost ne croit pas aux modulations de récompenses (comme donner plus au fur et à mesure de l’avancée de la saison), ni ne recherche de motivation spécifique pour ses voiliers. Par exemple, pour Barcelone, ses femelles ont été enlogées sur des jeunes de 3 jours et pour Perpignan sur des œufs de 10 jours. Il n’a pas observé de différence notable sur les retours entre ces deux courses.

Cependant, petit bémol à ceci, il faut garder l’œil ouvert : par exemple, il lui est arrivé de voir un veuf abandonner la volée et traîner autour des installations en recherche de quelque chose. La solution en de pareil cas a été de lui repasser un peu sa femelle pour lui redonner le moral, et que tout rentre ainsi dans l’ordre. On en revient à l’élément clé : l’homme.

J’ose espérer que ces quelques lignes issues de ma rencontre avec ce monument de notre sport colombophile vous auront été agréables, et utiles pour mener à bien la gestion optimale de votre colonie. Un grand merci à Joost De Smeyter pour ce temps passé en sa compagnie et la gentillesse de son accueil. Est-il utile de souhaiter bonne chance à un amateur de cette trempe ? La machine est en marche, et l’homme aux commandes est de ceux qui marquent l’histoire de leur empreinte. Bravo.

 

David Chassagne, Novembre 2016