MARATHON CLUB DU GRAND CENTRE
"Des pigeons d'exception pour des hommes de passion"
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Comment participer ?

 

A un brin d’herbe de la frontière Belge, au nord de Bruges, à Sluis (NL), vit un amateur dont vous avez sûrement écouté parler : Martin De Poorter. Ce sympathique amateur ne s’arrache pas les yeux à chercher désespérément son nom dans les classements nationaux Hollandais. Bien souvent, il est en toute première page, voire en première ligne. Bien qu’en avant-main de la puissante Zeeland, il fait mieux que bien se défendre et s’impose comme une valeur sûre du créneau marathon de son pays.

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Longs points, courts points

Les vérités d’aujourd’hui ne sont pas celles de demain. Voici encore peu, comme beaucoup d’amateurs, je ne jurais que par les longues distances d’une course : ils volent plus de kilomètres donc doivent être plus solides, endurants, etc. Et puis, et puis, une autre lecture des choses est arrivée doucement. Peut-être suite aux essais infructueux de voiliers venus des points longs. Là, on se gratte la tête, avec moins de kilomètres à faire, ils devraient arriver comme des fleurs de printemps, sauf que ne tombaient tôt pas plus de plumes que de fleurs. Pourquoi ces bêtes plus solides ne sont donc pas capables de bien venir avec 100 voire 150 kilomètres de moins ? Ce raisonnement uniquement basé sur l’endurance ne devait pas être si valable que cela, sans pour autant enlever de mérite à qui que ce soit, rien n’est jamais tout blanc ni tout noir. Qu’on soit où que l’on veut, on ne gagne pas avec des bourriques.
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Dans le même temps, les pedigrees de certains vainqueurs nationaux, en catégorie marathon, laissaient entrevoir que des pigeons à plus courte portée sur le papier, pouvaient damer le pion aux marathoniens de pure souche, et ce, y compris pour des points longs. Une lecture enfin vint concrétiser l’intuition qui me trottait en tête depuis un moment : les expériences de Mr Dordin dans les années 60. Dans les années soixante déjà, il avait déjà mis en évidence le possible avantage que pouvait représenter une position en arrière-main de contingent. Les vainqueurs de « l’avant » ne sont donc pas si méprisables, ils ont un mérite certain : celui d’avoir obligation, pour briller, de ne pas perdre de temps : plus vous aurez de kilomètres à faire, plus le temps perdu sur le trajet retour (écarts par rapport à la ligne droite du trajet retour, contournement de difficultés, dépassement du point d’arrivée, attaque de rapace, etc…) sera dilué par l’allongement de la distance à parcourir. En parallèle, plus la vitesse décroît et plus les derniers kilomètres qui séparent les avant-points des arrières-points valent cher en temps. Excepté pour la toute tête, ils peuvent parfois finir presque à pied et doubler quand même ceux du devant. Ça ne veut pas dire que seuls les points avant sont méritoires, car il en faut sous les plumes pour se taper les derniers 100 ou 200 kilomètres de plus avec un vent en pleine tête, mais toute vérité est bonne à dire et être au court-point n’est pas un avantage, loin s’en faut. Pour gagner ici, encore moins qu’ailleurs, il ne faut pas sucer de roues, ni perdre de temps ; se détacher et venir au plus court est, là, obligatoire. Marathon ou pas, ça reste de la course d’orientation. Gagner en point avant, implique d’être précis dans sa navigation, et ne pas prendre le virage 50 ou 100 km trop haut pour avoir raccompagné un copain de volée.

De quoi voir avec un autre regard des amateurs comme Martin de Poorter, court-point de son pays. Les mauvaises langues seraient toujours capables de dire que ses voiliers viendraient moins bien avec plus de kilomètres à faire. Une chose est sûre : ils savent gagner à plus de 900 km et sont capables de reproduire de telles prestations plusieurs fois. Les oiseaux ici sont comme le patron : des gagneurs.

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Du demi-fond au marathon

Martin de Poorter était, avant, un talentueux joueur de demi- fond et de fond ; la décision est prise en 2010 de vendre tous ses vieux ; seuls seront conservés les jeunes de l’année. Il avait alors à son tableau de chasse une kyrielle de premier prix sur des courses comme Argenton, Péronne, Mantes la Jolie, Pommeroeul, etc. Dans ce créneau aussi, c’était un sacré client. La saison 2012 est la première à son adresse actuelle. Si la décision d’allonger le tir et de se spécialiser sur les marathons a été prise, il ne tire cependant pas un trait sur ses origines de pigeons « allround ». Bien lui en a pris, car, dès 2012, il refait vraiment parler la poudre avec un premier national Saint Vincent (920 km) pour « Rainmans » (arrivé sous une pluie fournie), qui, 2 semaines auparavant réalisait un 76ème national sur Bordeaux (818 km). Sur ce même Bordeaux, son « Raudouwer » se classait 8ème National, lui qui avait l’année d’avant fait un 82ème Nal Narbonne. Point commun de ses deux supers pigeons : des origines de grand demi-fond. Martin reste partisan de conserver une pointe de vitesse dans ses pigeons via ce type de pigeons, croisés ensuite sur des marathoniens. Aidé de Piet de Vogel et A.P. Overwater, il se porte acquéreur de « Lévi » (1er Nat St Vincent 2013, et ea, 4ème Nal St Vincent 2010). Ces 2 pigeons, « Rainmans » et « Lévi », croisés sur des vainqueurs marathons vont former la colonne vertébrale de la colonie actuelle. La saison écoulée, il termine avec les titres de 6ème et 12ème As pigeons Nationaux (tous deux petits-enfants de « Rainman ») sur les courses ZLU, et empoche au passage des places comme un 5ème prix Nal Agen, 32ème Nal Perpignan ou encore 51ème Nal Marseille. Sa théorie de construction de lignée est à n’en pas douter assez efficace.

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Martin recherche un pigeon avec de la vivacité, une bonne santé ; ce doit être aussi une bête intelligente, curieuse. En main est recherché un bras court, un bréchet et des muscles longs (6-7 cm), ainsi qu’une très bonne plume. Les fourches peuvent être un peu ouvertes, mais doivent être fortes, solides.

Si vous lui demandez ce qui prime pour la longue distance entre le pigeon et le propriétaire, il vous répondra ceci : avoir un bon colombier et de bons pigeons.

La colonie, est forte de 25 couples de reproducteurs, qui fournissent annuellement 70 à 75 jeunes à leur propriétaire. De ce contingent de pigeonneaux seront gardés entre 40 et 45 unités qui pourront défendre leur chance comme yearling. Les yearlings forment, avec les vieux, un contingent de 40 à 45 couples de pigeons qui seront joués au naturel.


Système de jeu

Les jeunes sont entraînés puis mis au panier pour leur éducation jusque 350-400 km. Ils doivent savoir rentrer frais et conserver une santé de fer. Il ne fait pas bon se mettre en boule dans un coin… Dès leur saison terminée, ils iront dans les volières jusqu’au début de saison suivant. Ce n’est qu’un peu avant le début de saison qu’ils pourront découvrir et prendre possession de leurs casiers, en ayant la possibilité, quelques jours avant le retour des vieux dans leur compartiment, de s’accoupler et prendre leurs marques dans ces nouveaux locaux.
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Devenus yearlings, ils iront dans le grand bain rapidement. Le bon grain sera trié de l’ivraie dès cette classe d’âge : suite à Agen international, ils devront revenir soit de Narbonne, soit de Perpignan. Il leur sera demandé de faire au moins un prix de ces deux engagements.

Les pigeons sont joués tous au naturel. Le lot de voyageurs sera scindé en 3 groupes qui seront accouplés chacun à une semaine d’intervalle.

Le premier groupe sera accouplé pour partir sur des œufs d’une dizaine de jours sur leur première étape de la saison : Pau International. Le second groupe sera mis en ménage une semaine après, pour partir sur le même stade pour Agen. Le troisième et dernier groupe sera mis en ménage une semaine encore plus tard pour participer à Barcelone sur la même position.

Les « deux ans » iront 2 à 3 fois défendre leur chance dans les joutes internationales, selon la dureté des épreuves, leur déroulement, mais aussi de l’état d’avancée de la mue (jeu au naturel oblige). Sur leur seconde course, ils seront souvent déjà au-delà de la deuxième plume de tombée. Il lui est pourtant arrivé d’avoir une super prestation sur un pigeon avec 5 plumes de tombées, mais ça reste l’extrême limite quand même. Il faudra alors faire un minimum de 2 prix de 3 engagements ou 2 de 2, de préférence tôt. Peut cependant rester un oiseau n’ayant qu’un prix de 2, mais il faut en ce cas que ce soit un bon top 100 national, sinon, il sera trop tard pour gagner sa pitance hivernale…

C’est à partir de 3 ans révolus que certains pourront partir pour Barcelone. Martin ne fait pas de différence de traitement entre mâles et femelles, comme par exemple d’économiser ses mâles plus que les femelles sous prétexte qu’elles récupèrent mieux, sont matures plus tôt, etc. Pour lui, un bon est un bon. Il trouve d’ailleurs que les choses sont plus cool niveau efforts en marathon qu’à des distances plus courtes, où les voiliers doivent rester en permanence sur la brèche.

En général, si l’épreuve n’est pas trop retardée, les oiseaux vont pouvoir reprendre leur nid au retour. Martin les laisse couver souvent une paire de jours pour ensuite les laisser rebâtir un nouveau nid. Exceptionnellement, ils peuvent élever un jeune pour continuer la saison.
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Pour cependant freiner un peu l’avancée de la mue avec le système naturel, au moment où la durée des jours va décroître, Martin rallonge artificiellement la durée du jour dans ses colombiers. La lumière utilisée est spécifique pour les oiseaux : « true light » aussi appelée « sun light ». Elle s’allume à 4h30 jusqu’à 9h le matin pour se ré-allumer à nouveau l’après-midi à 18 h jusqu’à 23h le soir.

Les volées se font dans un premier temps au drapeau, le temps que les oiseaux re-prennent le rythme. Ils n’ont qu’une volée par jour : le soir. Une particularité chez notre champion est qu’il conserve le créneau 18-21 heures pour la vie de famille. Ses voiliers sont donc libérés de 21 à 22 heures.

Entre 2 courses, il va les lâcher le vendredi matin à 60 km, le week-end avant la prochaine course.

Avant d’attaquer la saison, ses voiliers, après avoir été entraînés par ses soins seront enlogés pour deux courses à 150 km, suivies de deux autres à 250 km, et de trois à 350 km. Ils seront alors envoyés sur leur dernière étape de préparation, sous la forme d’un 500 km, si possible 15 jours avant leur entame dans les joutes internationales. Cette dernière étape n’est pas toujours réalisable, mais souhaitée dans la mesure du possible. Les pigeons ont ainsi approximativement 2 000 km dans les ailes avant de débuter leur saison sportive.


Les bons et les autres

Comme vous le ferez peut-être à la lecture de cette méthode, je me suis posé la question suivante : et les mâles là-dedans, donnent-ils toute leur valeur ? C’est un peu comme en veuvage total, les gars marchent bien, mais leurs mâles restent quand même souvent un peu en retrait. Martin, à cette question m’a répondu la chose suivante : les bons sont les bons. Il m’a cité quelques exemples pour étayer ses propos : son « New Rainman », qui gagna le 1er NPO Bergerac en 2015 sur 2 343 pigeons fut enlogé sur des jeunes de 2 jours ; « Blokkie » qui est, l’an passé, 5ème As Pau International 2 ans (2016-2017) et 16ème As Pau International 2014-2017 (37ème / 3 788 p. Pau 16, 125ème / 3 526 p. Nal Pau 17, 243ème / 3 020 p. Pau 14, etc…) est joué sur ce système ; son premier yearling 2017 sur Agen (192ème Nal) a aussi été enlogé sur des œufs ; bien des veufs sont derrière lui, de même que les femelles yearlings de Martin. Pour lui, les femelles marchent certes bien ainsi, mais de bons mâles émergent : les bons sont donc les bons, quel que soit le système de jeu. Ceci reste une histoire de choix d’organisation et ensuite de tri en fin de saison.

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Nourriture, produits complémentaires, traitements

Martin fait essentiellement confiance aux mélanges ‘Beyers’. Jusqu’à 300 km, les pigeons reçoivent un mélange léger, composé 50 % riz paddy et super diète, 50 % mélange sport. Ce mix est donné depuis la ponte du premier œuf en début de saison. Les pigeons sont nourris les matins à raison d’une cuillère à soupe par couple au casier. Au-delà de 350 km, les pigeons sont nourris au mix 100 % sport : 50 % sport Beyers premium veuvage, 50 % sport Beyers cribs (ce mélange contient du gros maïs, comme dans les paniers).

L’essentiel de la ration sera donnée le soir, de la façon suivante : à 17 heures, est donnée 1 petite cuillère de granulés « endurance » de chez Toppigeons. Les 4-5 derniers jours avant une course internationale, après la volée, soit à 22 heures, les pigeons auront au bac commun le mix de mélange sport. Quand ils ont fini leur ration, ils peuvent avoir une petite cuillère de mélange « super énergie ».

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Hors préparation de course, les oiseaux doivent tout manger la ration qui est donnée au bac commun avant d’avoir de nouvelles graines. Les 4 derniers jours avant une course internationale, ils peuvent par contre manger à volonté toute la journée durant.

Quand les pigeons élèvent, ils ont du mélange élevage. Pendant la mue, ils ont classiquement, jusqu’à la poussée de la dernière rémige, du mélange mue de chez Beyers. Suite à cette cruciale période pour nos voiliers, les pigeons vont passer au régime hivernal pratiqué à Sluis : 1/3 orge, 1/3 riz paddy, 1/3 sport (pour l’apport en protéines). Ils garderont ce régime jusqu’au moment de l’accouplement de début de saison. Ils pourront alors manger du mélange sport jusqu’à la ponte.
Côté produits, notre ami a jeté son dévolu sur la firme Rohnfried. L’utilisation de produits est gouvernée par la conviction que la phase la plus importante demeure la récupération suite à une épreuve. Cette récupération sera aidée grâce à : des électrolytes (notamment via des minéraux tels que le calcium, le zinc, le magnésium), des acides aminés, des protéines pour réparer les muscles.

Côté traitements, les pigeons ont droit aux 3 vaccins (PMV, paratyphus, poquettes). A noter que contre le paratyphus, il n’effectue pas de traitement antibiotique avant la vaccination.
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Un mois avant Pau, il va rendre visite au vétérinaire Piet Blancke avec 10-12 pigeons pour un examen complet. Si rien n’est décelé, ils ne recevront rien, mais en cas de problème, un traitement sera distribué. Ce genre d’examen sera effectué toutes les 2 semaines depuis Pau jusqu’à la fin de la saison, soit en tout 4 visites chez le vétérinaire en saison. Rien n’est donné si tout va bien ; le but est de conserver au maximum la vitalité des oiseaux via une médication minimaliste.


Epilogue

Comme dans les pigeons, les bons sont les bons, certains amateurs ne lèveront jamais une coupe, un trophée (ce n’est pas pour autant qu’ils ne se feront pas plaisir), d’autres en choperont des tendinites. Martin de Poorter, fait, à n’en pas douter, partie de la seconde catégorie. Des trophées, des coupes, il en a déjà levé sa part, et ce ne semble pas être bientôt fini.

Selon lui, pour réussir en marathon, il faut prioritairement de bons colombiers, et de bons pigeons. Ces deux entités, il les a sans l’ombre d’un doute ; les brillants descendants de « Rainman » et de « Lévi » vont à n’en pas douter continuer d’assurer de nombreux succès pour les années à venir au sein des magnifiques installations de la Smoutweg de Sluis (NL). Ils ont à leur tête un chef d’orchestre des plus talentueux, capable de les amener au sommet de leur art, c’est aussi quand même un élément indispensable de telles « success story ».


Voici un aperçu de quelques résultats de pointe de ces dernières années sur les internationaux :

*** Some top national performances on International long distance racing 2012-2017

1er Nat. St Vincent Zlu 2012 3.161 pigeons (920 km)
5ème Nat Agen Zlu 2017 6.211 pigeons (818 km)
8ème Nat Bordeaux Zlu 2012 4.447 pigeons (818 km)
9ème Nat Agen Zlu YL 2014 4.464 pigeons (818 km)
18ème Nat Agen Zlu 2016 6.890 pigeons (818 km)
31ème Nat Pau Zlu 2016 3.788 pigeons (930 km)
32ème Nat Perpignan Zlu 2017 4.789 pigeons (967 km)
45ème Nat Narbonne Zlu 2015 5.338 pigeons (907 km)
49ème Nat Pau Zlu 2016 3.788 pigeons (930 km)
51ème Nat Marseille Zlu 2017 2.525 pigeons (930 km)

***Championships/Ace Pigeons on International long distance racing 2012-2017

3ème National Champion Fondspiegel Zlu categorie 3 2016
5ème International As Pigeon Pau 2016-2017
6ème National As Pigeon Zlu 2017 WHZB & Pipa Ranking
7ème National As Pigeon Zlu 2012 WHZB
8ème International As Pigeon 2017 Herbots & Pipa Ranking
12ème National As Pigeon Zlu 2017 (3 prix)
12ème Nat Marathon Champion Zlu 2016
16ème National As Pigeon Pau 2014-2017
30ème As pigeon international 2017 Herbots & Pipa Ranking

Souhaitons à Martin De Poorter de continuer à trouver rapidement son nom tout en haut des classements nationaux hollandais pour les années à venir. Ce devrait être une formalité, la machine est en route et le chauffeur est un maestro.

Bon vent pour 2018,


David Chassagne, mars 2018